L’Euphorie menaçante du divertissement
John Landis est le plus jeune de cette génération de movie brats qui allait apporter, dans les années 1970 et 1980 ce sang neuf dont Hollywood avait besoin. C’est le benjamin espiègle, celui qui, en prenant tout à la dérision, a mis à nu pourtant quelques ressorts cachés du système.
En 1978, American College dynamite le frat movie en révélant par ailleurs le comédien John Belushi qui partagera la vedette, deux ans plus tard, avec Dan Aykroyd, des Blues Brothers, hommage à la musique noire présente en filigrane dans presque tous ses films. À une époque où la terreur cinématographique est renouvelée par des auteurs comme Tobe Hooper ou Joe Dante, John Landis réalise en 1981 Le Loup-garou de Londres, où le rire ne désamorce pas l’épouvante mais la nourrit d’une dimension satirique inédite. Innocent Blood, douze ans plus tard, soumettra d’ailleurs les conventions du film de vampire à la même expérience.
En mettant la culture populaire américaine, infantile et triviale, poétique et vulgaire, au centre de son œuvre, John Landis en dévoile l’ambivalence. Le rire et la nostalgie n’y sont jamais dénués d’une vague inquiétude.
— Jean-François Rauger