LE FESTIVAL

Rétrospectives 2019

Alien, le huitième passager a définitivement consacré l’idée de parasite dans le cinéma de science-fiction pour le faire évoluer vers le film de monstre. Si ce thème n’est pas toujours abordé de manière aussi figurative, il s’insinue magistralement dans tous les recoins du cinéma de genre depuis plusieurs décennies. Le parasite, c’est bien sûr l’altérité, ce qui nous change, nous transforme, ce qui fait que l’homme n’est plus homme. Le changement est souvent imperceptible, discret, mais pourtant radical. Le body snatcher, voleur de corps, révèle une problématique sociétale chez les Profanateurs de Don Siegel, une angoisse politique chez ceux de Philip Kaufman. Dans The Thing, de John Carpenter, le sujet évolue pour s’associer à une idée prophétique de contamination et de sang souillé. L’origine du parasite, extra-terrestre ou supranaturel, importe finalement peu. Le cinéma s’en saisit toujours pour dévoiler une réalité qui se défausse et des certitudes qui basculent. Preuve que la boucle est bouclée, ce concept qui aura fait fantasmer tous les cinéastes se retrouve également chez notre invité d’honneur, Robert Rodriguez, dans The Faculty. Le cinéma comme miroir de l’âme renvoie le spectateur à ses peurs indicibles. Et génération après génération, force est de constater qu’il n’est jamais rassasié de parasites.

Greg Lauert

Le thriller érotique est un sous-genre qui a été florissant des années 1980 au début des années 2000, lorsque le sexe explicite n’a plus fait recette à Hollywood. Ces thrillers néo-noirs, qui se sont développés à partir de la fermeture des cinémas porno, étaient des films grand public pour adultes. On y retrouve souvent, sur fond de crime, sexe (souvent manipulateur) et duplicité, le flic transgressif et la femme fatale à l’ancienne – un type de personnage qui, sous l’œil critique des féministes, serait traité bien différemment dans le cinéma actuel, si tant est qu’il le soit. Appréciez cette plongée nostalgique dans le passé : “du sexe comme Hollywood n’en fait plus aujourd’hui”. 

Consuelo Holtzer

Brillant technicien puis cinéaste polyvalent qui a su explorer tous les genres du cinéma populaire, Mario Bava a construit une œuvre singulière et personnelle. De par son utilisation de la lumière, des couleurs et d’environnements sonores défiant toute notion de réalisme, le réalisateur italien a su recréer des univers cauchemardesques et fantasmagoriques. En transcendant tous les outils mis à sa disposition par le 7e art, il a su inspirer nombre de cinéastes contemporains comme Dario Argento, Brian De Palma ou Nicolas Winding Refn.

Les trois films de cette rétrospective représentent trois facettes de son art, entre fascination criminelle, horreur gothique et goût de l’aventure. Mario Bava reste un maitre dont l’œuvre peut se targuer d’une cohésion rare.

Greg Lauert

La Nuit Excentrique est de retour pour assouvir votre soif de mauvais films aux budgets dérisoires, aux acteurs perdus et aux scénarios incohérents. La Cinémathèque française, qui regorge d’objets filmiques rarissimes, vous proposera trois nanars entrecoupés de bande-annonces hilarantes, le tout en version française 35mm. Au programme cette année, des ninjas voleurs aux pirouettes plus spectaculaires que jamais, une  excursion dans une auberge de jeunesse bavaroise pleine de serveuses déculottées et les aventures de Musclor signées Cannon. Parce qu’au cinéma comme dans la vie, c’est l’intention qui compte.

Alex Lefebvre