ARCHIVES 2012
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Compétition internationale fantastique
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Michael Powell and Emeric Pressburger
SPLENDOR IN THE PAST
Michael Powell (1905-1990) et Emeric Pressburger (1902-1988) ont formé une des collaborations les plus créatives de l’histoire du cinéma. Ils ont travaillé sous la bannière « The Archers », fondée pour développer leur art sans interférence. Leurs meilleurs films ont été tournés entre 1940 et 1951, incluant outre ceux de notre sélection, des classiques tels que The Life and Death of Colonel Blimp (1943) et A Canterbury Tale (1944). Si Powell avait le fauteuil de réalisateur et Emeric écrivait généralement les histoires et les dialogues, leur fameuse mais peu comprise dénomination, « Produit, écrit et réalisé par Michael Powell et Emeric Pressburger », témoignait des liens étroits qui liaient tous les aspects de leur travail. Leur collaboration prenait ses racines dans un fertile croisement de talents et de cultures entre des hommes aux passés et aux tempéraments différents : un juif hongrois discret qui avait fuit Berlin sous Hitler et l’extraverti Powell, gentlemen du Kent, quintessence de l’Anglais. Ils étaient des artistes non conformistes, très loin du réalisme anglais de leur époque. Ils ont fait des films à la magie visuelle – emprunts de fantastique, flamboyants, excessifs – mais qui ne masquaient jamais les émotions humaines dans des histoires très réelles traitant d’amour, de la mort, de sacrifice et de création artistique.
Mais comme un arc en ciel, « The Archers » ne pouvaient pas durer éternellement. Pour Powell, ils ont perdu leur « glorieuse arrogance en 1953», mais leur collaboration n’a pas été dissoute officiellement avant 1957, en désaccord sur leur indépendance face au nouveau visage de la production britannique. Les films, avec leurs créateurs, tombèrent dans l’obscurité et furent quasiment oubliés jusqu’à ce qu’une série de rétrospectives commencent à voir le jour dans les années 70. Leur réputation s’étendit aux Etats-Unis dans les années 80, lorsque l’hyper-enthousiaste Martin Scorsese apporta Le voyeur au Festival du Film de New York où il connu un grand succès critique. Powell devint avec le temps son conseiller aux Etats-Unis et ils restèrent amis à vie. Powell et Pressburger, des réalisateurs qui inspirèrent des géants – Scorsese, Romero, De Palma, Coppola, Spielberg et d’autres – ravivèrent et approfondirent leur amitié jusqu’à la mort d’Emeric en 1988.
Post Apocalypse
APOCALYPSE YESTERDAY
Parmi les nombreux thèmes du cinéma de science-fiction, il en est un finalement assez peu abordé, celui qui se propose de dépeindre ce que pourrait être notre monde après l’Apocalypse, ce mot étant pris dans le sens d’une extinction de l’espèce humaine consécutive le plus souvent à un conflit nucléaire généralisé. Extinction toute relative, d’ailleurs, puisque les scénaristes des dix films présentés dans cette rétrospective s’imposèrent, lois du spectacle obligent, de laisser traîner par-ci par-là dans les décors de cauchemar quelques rescapés retournés à la barbarie des origines et donc plus sauvagement agressifs que jamais.
Concernant les têtes d’affiches de ces films, outre Harry Belafonte, Mel Gibson, Kurt Russell ou Michel Serrault, on retiendra surtout Charlton Heston et Yul Brynner, et on notera avec intérêt que ces deux stars farouchement antagonistes dans Les Dix Commandements de Cecil B. de Mille en 1956, puis, séparément, grands spécialistes devant l’Eternel de rôles édifiants à connotation biblique (Ben Hur en 1959, pour le premier, Le roi Salomon, la même année, pour le second), se sont admirablement reconvertis au cours des deux décennies suivantes dans l’anticipation pessimiste, l’un, notamment, dans La planète des singes (1968), puis Soleil vert (1973), l’autre dans Mondwest (1973), puis Les rescapés du futur (1976).
Tous les films de cette rétrospective, certes, appartiennent au passé, mais le message implicite ou explicite qu’ils délivrent n’a rien perdu, lui, de son actualité. En substance : « Arrêtons de jouer les apprentis sorciers comme nous en avons pris la déplorable habitude depuis un demi-siècle, d’autant qu’aujourd’hui la catastrophe écologique, la pénurie énergétique et l’hécatombe pandémique se sont ajoutées à la bonne vieille guerre atomique de papa sur la liste, hélas extensible, des causes potentielles d’une apocalypse fraîche et joyeuse.
Jean Alessandrini