A moins de deux mois du premier Week-end du Fantastique, nous sommes heureux de vous dévoiler une première vague des films de la sélection officielle.
Après le sombre printemps de confinement que nous venons de passer avec son lot d’annulations et d’overdoses de cinéma en VOD, le cinéma en chair et en os est de retour avec Les week-ends du fantastique, organisés par le Festival européen du film fantastique de Strasbourg. Le premier week-end de trois jours – un programme éclectique de nouveaux longs métrages de genre, rétrospectives, courts métrages et VR – se déroulera du 18 au 20 septembre. Voici un avant-goût du programme de septembre qui débutera avec deux comédies explosives, extravagantes et décapantes.
Oskar Lehemaa et Mikk Mägi, maîtres du stop-motion, nous font découvrir la campagne estonienne. Deux enfants ultra citadins sont envoyés dans la ferme « laitière » de leur grand-père alcoolique pour s’imprégner de la tranquillité de l’été rural. Mais lorsqu’une vache maltraitée s’enfuit, une course-poursuite sauvage s’ensuit à travers un arrière-pays peuplé de monstres, de hippies, de sectes et de cinéastes. Parfaite combinaison de perversion pastorale et de subversion – The Old Man Movie est l’un des films les plus hilarants de l’année.
Le tourisme sud-africain prend de nouveaux visages dans Fried Barry de Ryan Kruger. Après avoir pris le contrôle du corps d’un loser toxico dans les bas-fonds du Cap, un extraterrestre découvre le monde étrange des humains dans une virée de drogues, de sexe et de violence à travers la ville.
Avec Grimm, le réalisateur néerlandais Alex van Warmerdam remet le conte de fées au goût du jour et le transforme en road-movie audacieux et haletant. Le film est truffé d’humour (noir entre autres), avec de nombreux clins d’œil aux contes des frères Grimm, à commencer par Hansel et Gretel. Livrés à eux-mêmes après avoir été abandonnés dans les bois en plein hiver, un frère et une sœur partent pour l’Espagne ensoleillée où ils sont accueillis par le riche Don Diego dans sa somptueuse hacienda. Mais c’était sans compter sur la présence d’ogres dans les parages.
La chirurgie esthétique tourne mal dans Yummy, film barré du belge Lars Damoiseaux. Une mère et sa fille, accompagnées du petit ami ennuyeux de cette dernière (qui devient plus intéressant par la suite !), s’inscrivent dans une clinique de beauté d’Europe de l’Est. Mais les traitements expérimentaux de rajeunissement de la clinique entraînent l’apparition d’un virus qui, on s’en doute, va donner lieu à une attaque sanglante de zombies cannibales.
Kurt Kunkle, covoitureur obsédé par l’idée de devenir un célèbre influenceur sur les réseaux sociaux, met au point un plan et commence par filmer ses passagers en live. Spree est une comédie sanglante et rythmée qui dresse une satire de la culture actuelle des réseaux sociaux. Mais derrière l’humour horrifiant du réalisateur américain Eugene Kotlyarenko, ce dernier long métrage est un commentaire cinglant sur la violence abrutissante de l’Amérique contemporaine.
Une jeune femme obèse découvre un produit de beauté révolutionnaire, qui lui permet de remodeler entièrement son corps. C’est le début d’une descente aux enfers cauchemardesque. Incroyable persiflage de la recherche obsessionnelle du corps parfait dans nos sociétés de grande consommation, Beauty Water, du réalisateur sud-coréen Kyung-hun Cho, est un conte tout sauf de fée.
Dans un registre plus sombre, allez voir The Dark and the Wicked, du réalisateur américain Bryan Bertino. Un frère et une sœur se rendent à la ferme de leurs parents car leur père est mourant. On croit d’abord avoir affaire à un film sur les rituels familiaux du deuil et du souvenir, mais au fil de l’histoire, on découvre que les parents et leur communauté rurale sont sous l’emprise de forces inconnues.
L’Autrichienne Sandra Wollner brosse le portrait sombre mais émouvant d’une androïde pré-adolescente étrangement perfectionnée appelée Eli dans The Trouble with Being Born. Partageant la vie d’un homme plus âgé qu’elle appelle son père, Eli est incapable de se forger ses propres souvenirs et ne peut que partager ceux de cet homme. Mais une nuit, elle perçoit un écho distant qui provient des bois.
Ce film troublant qui recèle plusieurs niveaux de lecture nous montre un futur proche dans lequel les humains surmontent l’absence et la perte par un usage déshumanisant et pervers de la technologie. Lauréat du Prix spécial du jury (Encounters) à la Berlinale 2020.
The Old Man Movie, Estonie, Oskar Lehemaa et Mikk Mägi
Fried Barry, Afrique du Sud, Ryan Kruger
Grimm, Pays-Bas, Alex van Warmerdam
Yummy, Belgique, Lars Damoiseaux
Spree, Etats-Unis, Eugene Kotlyarenko
Beauty Water, Corée du Sud, Kyung-hun Cho
The Dark and the Wicked, Etats-Unis, Bryan Bertino
The Trouble with Being Born, Autriche, Sandra Wollner
Pour ce premier week-end, nous avons voulu rendre hommage à l’acteur Philippe Nahon qui nous a quitté le 19 avril 2020. Ami du Festival puisqu’en 2008 il fut membre du jury de notre première édition, il était une de ces gueules du cinéma français que l’on n’oublie pas d’autant, qu’avec la gueule, il y avait la voix rocailleuse et le regard perçant. Comédien de théâtre, il commence sa carrière dans le cinéma en mourant dans les bras de Serge Reggiani dans Le Doulos de Jean-Pierre Melville. C’est en 1998 que Gaspar Noé lui confie le rôle principal de Seul contre tous dans lequel il incarne le rôle d’un boucher chevalin qui lui permettra de montrer au monde entier l’étendue de son talent d’acteur. Multipliant les collaborations avec des réalisateurs aussi variés que réputés, il marquera l’histoire du cinéma de genre en enchainant des rôles inoubliables dans des œuvres de référence. Cet hommage sera l’occasion d’en redécouvrir certaines des plus emblématiques sur grand écran et en pellicule 35 mm.
Seul contre tous de Gaspar Noé (1998)
Haute Tension d’Alexandre Aja (2003)
Calvaire de Fabrice du Welz (2004)
Plus de films seront annoncés prochainement. Stay tuned !