
Depuis les années 1930, les cinémas de quartier ont joué un rôle important dans l’industrie cinématographique. Contrairement aux salles dites « de première exclusivité », les « salles de quartier » diffusaient les films après qu’ils soient sortis dans les salles « de première exclusivité », puis « de deuxième exclusivité » et à un prix moindre.
Ces salles de quartier se sont spécialisées aux grès des modes cinématographiques. Ainsi, l’El Dorado, le Far West et le Texas se sont spécialisées dans le western au moment où le western était à la mode. Le Midi-Minuit, quant à lui, s’est spécialisé dans le fantastique dès 1947 puis aussi dans le cinéma érotique. Puis au cours des années 1960, le mouvement s’est intensifié. Le Colorado et le Brady vont abandonner le western pour se spécialiser dans le cinéma fantastique et le cinéma d’horreur. Le Styx, situé non pas dans la périphérie mais dans le Quartier Latin, avait aussi un pied dans ce qu’on n’appelait pas encore « le cinéma bis ».
Dans ces grandes salles délabrées à colonnades et balcons, ou parfois dans des salles beaucoup plus petites et bien moins aguicheuses, les films étaient diffusés en version française et le plus souvent en double programme avec en général une nouveauté suivie d’un film plus ancien. Certaines proposaient une attraction à l’entracte, avec une stripteaseuse, un magicien ou un dresseur de chiens ! Le public était composé d’habitués qui avaient quasiment leur place réservée et qui n’hésitaient pas à manifester leur mécontentement lorsque la qualité de la projection n’était pas bonne, ce qui était souvent le cas !